Certain(e)s m'ont récemment conseillé de m'aérer, d'éteindre mon ordi, de la boucler un peu et d'aller à la pêche !
Finalement, je crois bien que je vais suivre leur conseil, parce qu'ils ont raison, c'est encore là que je suis le mieux. Tranquille, peinard. Ma canne dans une main, un livre dans l'autre... Près de l'eau... de sa lumineuse limpidité, de son calme fuyant qui fascine mon regard...
Et comme je ne suis pas à un délire près, je vous invite - oui, vous ! - à me suivre sur les sentiers boueux où les ronces vous griffent et la pluie dégouline dans votre cou...
Allez, mettez vos bottes, sortez les k-ways inutiles qui traînent dans vos garages, trouvez un vieux chapeau pour avoir l'air bien glands... Prêts... On y va...
(Ceci est un extrait de "J'ai beaucoup pêché..." certainement le bouquin le plus autobiographique... et dont je parle peu.)
Je m’étais replongé dans la lecture d’Hemingway…
J’y avais retrouvé Santiago, et son besoin absolu d’attraper un poisson pour vivre… J’avais retrouvé la mer aussi. L’eau comme élément transitoire entre la vie et la mort… La petitesse de l’homme face à l’immensité de la nature. Le stoïcisme face à la douleur, l’héroïsme inutile…Un drôle de type, Hemingway.
Un jour, presque par hasard, j’avais retrouvé Michel. Une rencontre touchante. Emouvante… Il marchait difficilement, mais il était là. Toujours… J’avais reconnu sa silhouette de loin… un peu plus voûtée ; son lancer aussi… pareil à une caresse. Lorsqu’il m’a vu arriver, il est sorti de l’eau péniblement et s’est avancé vers moi pour me serrer les mains.
On était heureux de se revoir.Ce jour-là, on n’avait pas beaucoup pêché. On s’était juste raconté nos histoires et nos vies au bord de l’eau. Avant de me quitter, il était reparti dans une considération “décalée”, comme au bon vieux temps…
« Tu vois, m’avait-il dit, j’ai toujours pensé qu’en creusant pour attraper des vers, j’allais trouver un trésor… Je faisais des détours, je regardais toujours par terre… Mais je n’ai jamais rien trouvé. Même pas une vieille pièce en bronze ! » Il secouait la tête en souriant. Je voyais ses yeux briller. J’attendais la suite. Elle arrivait… « Et le plus fort c’est que ce trésor existait ! Et oui… Un jour je regardais les infos à la télé, et ils parlaient d’un mec qui avait trouvé un trésor au bord de l’eau. Et bien j’ai reconnu l’endroit. Y’avait un petit moulin… Avec mon copain Georges, on avait pêché cent fois à cet endroit. On avait piétiné sur le trésor pendant des heures… Un trésor de pièces d’or. C’est con, hein ? Tu vois, il existait… »
Il adorait ces histoires absurdes…