C'est dur le samedi soir.
Tout le monde est barré au ciné... ou au concert d'un copier/coller de Cloclo...¨Pourtant, j'ai pas la fièvre - non, ça c'était les Bee Gees - juste une petite montée de température consécutive à une saine overdose de rugby !
C'est bizarre, personne en parle de ce jeu. Sur les blogs, je veux dire...
Pourtant c'est tendance maintenant. Y'avait plein de mec en cravate avec des Rollex - ça s'écrit comme ça ? - dans les loges pendant la coupe du monde. Ils buvaient même du champagne dans des verres en crystal, les cons ! C'est dire...
Bon, encore un truc dont vous n'avez rien à foutre.
N'empêche, ils se sont fait plumer nos petits coqs par le méchant dragon gallois. Tiens, je les aime bien les Gallois, ils ont des bleds avec des noms extra-terrestres, genre : Powtrhydfrendighaid ! Essayez de prononcer, vous allez voir, c'est sympa pour votre voisin d'en face...
Je disais quoi, là. Ah oui, les gallois... Des ex-mineurs irrévérencieux...
Bon, ils ont gagné... et nous perdu forcément. Je vois que vous suivez, c'est bien.
Oui, je confirme, j'aime trop ce jeu.
Je le trouve même carrément shakespearien... Avec une scène en forme de pré pour ados, où les sorcières de Macbeth ont leur chaudron, le roie Lear la tête à l'envers, Othello, le look d'un pilier de mêlée et Hamlet la pâleur crayeuse d'une ligne de touche.
Je sais, vous prisez pas, le truc macho et tout... Mais vous devriez goûter, comme ça, du bout des lèvres... Délicatement. Humer le parfum subtil dans les relents d'apparente grossiéreté.
Non, franchement, j'aime vraiment beaucoup ce sport rempli de bruit et de fureur, cette fête sauvage où le bouffon est sage et le roi fou; ce jeu de tabellions pyromanes où les règles ont été codifiées par des ivrognes, sensés organiser les divertissements des ennuyeux dimanches après-midi victoriens...
Bon ça y est, je délire... Arrêtez-moi.
Merci... Merci beaucoup. Non, ça va mieux, vous inquiétez pas.
C'est ok... Excusez-moi.
Allez, d'accord, on laisse tomber le rugby... On va faire comme tout le monde : parler des élections... Non, ça me gave ça. Un petit coup de Pink Floyd, peut-être... Non plus...
Ok, je sais : comme la télé nous offre un vide sidéral et que vous êtes au restau avec vos cops, j'offre aux deux présents - levez le doigt... merci ! - un magnifique Morisson.
Morisson, vous savez, le poète maudit. Celui qui pissait sur les spectateurs du premier rang...
L'irrévérence, avant la révérence... Morisson... Drôle de déjanté...
Allez, on écoute... Un vieux truc, tiens. Très vieux même...
Le type qui trouve que les autres sont étranges avec lui parce qu'il est étranger... Etrange, non ?
Chuuutttt, écoutez... http://fr.youtube.com/watch?v=nsYrJRx4dcs